Junior Cally importun à Sanremo : violences verbales intolérables

"Pourquoi Sanremo est Sanremo". Et ce n'est pas Sanremo sans controverse par jour, vous savez. Après la pitoyable conférence de presse d'Amadeus, au cours de laquelle, en motivant le choix des 10 femmes qui le rejoindront sur scène, le directeur artistique a surtout fait allusion à leur beauté et non à leurs mérites, c'est désormais au tour du rappeur Junior Cally.

Phrases d'un sexisme impardonnable

Né en 1991, originaire de Rome, il a été choisi pour participer à la 70e édition du plus important festival de musique du pays. "Non merci" est le titre de la chanson qu'il portera sur la scène d'Ariston, mais ce n'est pas ce qui fait débattre. Au centre du cyclone, en effet, quelques phrases extraites de "Strega", une chanson de 2017 dans laquelle Junior Cally se livrait à une dose considérable de violence verbale :

"Elle s'appelle Gioia parce qu'elle fait le tr..a. Celle-ci ne sait pas ce qu'elle dit, putain de tr..a combien c... ou bavardage. Je l'ai tuée, j'ai déchiré son sac. C "J'ai habillé le masque".

Un texte pas tout à fait en phase avec l'esprit du Festival, centré cette année sur la valorisation de la figure de la femme à une époque marquée par un taux élevé de discriminations de genre.

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Le président de la Rai et Laura Boldrini disent non

La présence du chanteur masqué n'est évidemment pas la bienvenue dans les étages supérieurs du Viale Mazzini, où le président de la Rai lui-même, Marcello Foa, a appelé à son exclusion, qui s'est dit fortement irrité par la présence d'un personnage aussi controversé, loin loin des valeurs du Festival de Sanremo, notamment du point de vue du service public auquel le programme doit asservir.

L'ancienne présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, qui, avec 29 autres députés, a écrit une lettre dans laquelle le chef d'orchestre de Sanremo est invité à faire entendre sa voix, toujours engagée aux côtés des femmes s'excuse publiquement pour ses considérations machos. et réclamer l'éviction du rappeur de la compétition sonore, en contraste frappant avec les batailles pour les droits menées chaque jour par des millions de femmes à travers le monde.

Le rappeur masqué parle de censure politique

Junior Cally répond en faisant appel au droit à la liberté artistique, sinon « que le Festival de Sanremo soit une vitrine hypocrite de bienfaiteurs ». L'« artiste », comme il se définit, fait valoir que ces accusations de sexisme ne sont qu'un masque pour cacher la censure politique adressée à « Non merci », une pièce au contenu antipopuliste qui ne plaira certainement pas à la droite italienne.

Le chanteur dit pourtant avoir grandi et attribuer la violence de ses textes au genre rap et à une erreur de jeunesse, alors que, loin des feux de la rampe, il ignorait le poids que ses mots pourraient un jour avoir.

Ainsi, bien que le rap soit un genre musical notoirement sexiste, il est également vrai qu'en 2020, dans un pays où 88 femmes sont victimes de violences au quotidien et 40 cas de féminicides (comme le rapporte « This is not love », un rapport de la police d'État datant de 2019), des contenus de ce type ne sont plus justifiables ni acceptables dans le cadre d'une sous-culture qui doit revoir son identité et apprendre à s'adapter à son temps.

On espère que le chanteur a vraiment grandi et qu'avec les femmes il deviendra un peu moins Junior et un peu plus Senior. Sinon, "Non merci" on le lui dit.

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