Sex & The Book / Erotisme et libertinage à la cour Renaissance de la reine d'Angoulême

La protagoniste de notre Christmas Sex & the Book est une reine, une vraie reine, et pas n'importe qui. Marguerite, fille de Charles de Valois et de Louise de Savoie, naît princesse d'Angoulême en 1492, devient duchesse d'Alençon et enfin reine de Navarre. Elle était écrivain, poète et une grande mécène. Femme très cultivée (elle parlait sept langues), elle a rempli sa cour de la Renaissance d'artistes, de poètes et de penseurs. Son frère - François Ier, roi de France - lui demandait souvent des opinions politiques et Margherita se retrouvait fréquemment à jouer des rôles cruciaux pour le destin de la nation. Proche de la doctrine protestante, elle aspire à surmonter le conflit avec l'Église catholique, mais n'y parvient pas, en raison également de la politique répressive adoptée par son frère dans les dernières années de sa vie. Elle était aussi bienfaitrice, finança l'ouverture d'hôpitaux et d'orphelinats. Il mourut dans son château de Tarbes en 1549.

"Ma fille, tes péchés sont si grands que pour les payer il faut que je t'impose comme pénitence de porter la corde de mon frère sur ta chair nue". La jeune fille, qui ne voulait pas leur désobéir, répondit : « Donnez-moi cette corde, mon père, et je ne manquerai pas de la porter. « Ma fille, reprit ce frère rusé, elle n'a aucun pouvoir si elle est placée entre tes mains. Il faut que pour la première fois ces mêmes mains à moi, dont tu devras recevoir l'absolution. .

L'Heptaméron c'est probablement l'œuvre la plus connue de Margherita d'Angoulême. Publié à titre posthume et anonyme en 1558, il est né avec l'intention - déclarée dans le Prologue - de se référer au modèle de Décaméron par Boccace, très aimé de la reine de Navarre, qui en avait commandé une traduction en français en 1545. Tout comme le Decameron, en fait, il s'agit d'un recueil de nouvelles assemblées à partir d'un "cadre" grâce à un dispositif narratif très similaire : un groupe de personnes se retrouve exilé à la campagne et décide de se raconter des histoires pour tuer le temps. . Si à Boccace l'exil était dû à la peste à Florence, dans l'Heptaméron c'est simplement une pluie printanière qui a détruit le pont pour rentrer dans la ville et qui mettra dix jours à se reconstruire. Dans les intentions de la reine, les nouvelles auraient dû être cent, comme dans le modèle italien : dix pour dix jours. L'ouvrage resta cependant inachevé et Margherita ne parvint à en écrire que soixante-douze, d'où le titre - également posthume - d'Heptaméron.

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Le personnage des nouvelles, dont le but n'était certes pas la publication, mais le pur amusement de cour, est licencieux, parfois obscène, si l'on considère le contexte, l'époque et le rang de l'auteur - une femme, pour di plus ! Le passage illustré est un exemple. Elle est tirée de la nouvelle XXI, qui raconte comment la belle fille de la dame d'honneur de la comtesse d'Aiguemont, se rendit chez un frère pour se confesser afin de recevoir l'Eucharistie la veille de Noël. La pénitence que lui imposait son père était celle que vous avez lue : lui permettre de l'entourer dans toute sa nudité de sa corde. La jeune fille, en pleurs, a refusé et le frère a nié son acquittement. Très inquiète d'être désormais condamnée à l'enfer, elle raconta tout à sa mère, qui à son tour rendit compte à la comtesse. Ce dernier, qui avait une grande foi dans le frère, était déçu, mais en même temps ne pouvait s'empêcher de rire, amusé par son esprit pervers. Il ordonna donc qu'il soit pris et battu avec la verge jusqu'à ce qu'il avoue, puis renvoyé au couvent pieds et poings liés.

Toutes les nouvelles de la reine de Navarre ont un même sujet : l'amour sous toutes ses formes, des plus angéliques aux plus calomnieuses. Son intention est clairement l'exaltation du sentiment le plus honnête, une invitation à l'amour parfait, à une morale presque religieuse, et pourtant de ses récits se dégage un amusement vicieux, une joie qui est celle de ceux qui connaissent bien la force du désir et que rend chacune de ses pages pleine de sensualité intemporelle. Que puis-je dire, honorez la reine !

par Giuliana Altamura

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